TRAVERSE

 

Août  1971. Nous déjeunions à l'auberge" bon accueil" à Seilhac ma sœur et moi  quand j'appris la nouvelle tout en dégustant mes escargots servis par Jean-Claude le patron dont j'appréciais la solide amitié. La salle, remplie d'hommes en bleu j'interroge «: Ces ouvriers sont là pour retirer les voies du tacot" reçus-je, tel un choc, cette réponse.

Et me voilà en ces années de vacances scolaires chez ma grand-mère au Lonzac. Au loin vers 16h la Mallet du côté de Merciel actionne son sifflet, signifiant que j'enfourche ma bicyclette pour rejoindre la gare à 2 kms de là.

D'une grande courbe sur la droite "ma" locomotive articulée apparaît dans son panache de fumée, suivie de ses wagons et plateaux divers, secoués sur les rails disjoints entre lesquels des herbes folles poussent d'abondance... 

Je me précipite vers les héros du jour, ces deux hommes empoussiérés et noirs, qui actionnent ces manettes mystérieuses aux noms peu évocateurs de régulateur et manette de freins. La chaleur à l'intérieur de la 104 est intenable; face à la fournaise du foyer, du charbon jonche le sol, une pelle et un balai près de leviers suintant l'eau et la vapeur. Tel fut mon premier contact avec ce qui allait devenir ma passion et mon chagrin.

    J'eus l'occasion vers 1967/1968 de sympathiser avec une équipe de mécanicien et chauffeur qui me firent monter à bord. Ultime honneur que de desserrer le frein, pousser le régulateur et dans un panache blanc, sentir vibrer et vivre MA loco. Arrivés au passage à niveau le mécanicien reprit les commandes freina et devant les automobilistes surpris, je sautai de l'engin. 

Je réitérerai l'expérience, adulte, quelques années plus tard sur la plate -forme d'une 040 t Schneider à Saint jean-du-gard. Mais rien, jamais ne vaudra cette Mallet Blanc Misseron 020-20t belle, chaude et vibrante..

    Je ne garde comme souvenirs de cette époque de rêve que des promenades sur les anciens tracés sur lesquels quelques vestiges persistent comme ces 2 traverses métalliques entre le Lonzac et Chamboulive que j'eus l'intention un jour de récupérer. Mais laissons au générations futures le plaisir de cette découverte. 

Et puis aussi une photo que je pris lors d'un voyage à bord d'un Billard a80d sur le trajet Treignac Seilhac puis Argentat, grâce sur l’initiative de mon père qui organisa pour ma sœur et moi ce voyage touristique avant la lettre. 

Merci Papa.

J. C. Nicot

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